J’ai grandi à Boisbriand, j’ai étudié le piano classique jusqu’au baccalauréat, mais j’ai toujours préféré l’écriture de textes et de chansons. J’ai fait des concours pis toute (Festival en Chanson de Petite-Vallée, Ma Première Place des Arts). J’ai remporté le prix Étoile-Galaxie en 2005 à Petite-Vallée, pour une chanson qui s’appelle Châteaux de sable et qui ne ressemble pas tant aux chansons que je fais maintenant, selon moi. (Si t’es du genre curieux, tu peux en entendre une version live à Petite-Vallée ici )
Les concours, ça m’a fait me remettre en question. C’est dur d’être soi-même quand on se fait dire « T’as juste à être toi-même… mais pourrais-tu être un peu plus comme ci, un peu moins comme ça? » Ben non, j’peux pas…!
Depuis, j’ai fait plein de choses que j’ai profondément aimées: j’ai enseigné la musique, j’ai travaillé avec des choeurs, j’ai rencontré des personnes formidables au passage, j’ai été chanteuse et musicienne en studio et sur scène (des centaines de fois avec Singin’ Rendez-Vous et le Ragtime Band, entre autres) mais sans jamais remettre mes chansons à moi à l’avant plan.
À 30 ans, j’ai voulu un enfant, mais j’ai fait une fausse couche. Et là je vais vous épargner la suite, les piqûres, les docteurs, l’attente. Mais disons simplement qu’au fil des ans, ce qui était sensé n’être qu’une simple malchance est devenu une malédiction et s’est conjugué au pluriel.
(Musique dramatique et montage d’images au ralenti:) En 2011, j’ai vu la mort de proche. Hémorragie interne causée par une grossesse ectopique, pour ceux que la petite histoire médicale intéresse. Ça m’a appris bien des choses. Que mourir, ce n’est pas dramatique en soi, au fond. Que c’est même banal, d’une certaine façon. Et qu’étrangement, ça rend la vie à la fois plus précieuse et moins lourde. Ça donne une urgence de vivre, mais pour moi, c’est une urgence de vivre lentement. Je sais, c’est un peu weird!
Bref, je me suis dit que ce serait vraiment niaiseux de disparaître comme ça, à 34 ans, sans avoir fait d’album avec les chansons qui me trottaient par la tête malgré moi.
Ce projet, j’ai pris tout mon temps pour le mettre sur pied. Pour lui donner un sens. Pour moi, ma « slow-chanson », ce n’est pas juste une question de lenteur rythmique, ou d’ambiance générale… C’est une question de prendre le temps de sentir les choses. De laisser les bons mots monter, d’accepter les mots vrais plutôt que ceux qui riment à tout prix ou qui font joli. De moins chanter pour chanter plus vrai, aussi. De ne pas tirer sur la fleur pour la faire pousser plus vite.
Les Jours Longs, ce sont les jours d’ensoleillement que certaines plantes dites « aux jours longs » nécessitent afin d’atteindre la floraison… ce sont les jours que ça prend pour accepter, pour s’assumer, et pour faire des boutures de nos coups durs. Des jours d’attente et d’intériorité, de déchirures, mais aussi, et surtout, de résilience. C’est le titre de mon premier album, paru en septembre 2017.